Exportation de céréales en Ukraine : comment sortir de l'impasse ?

Alors que l’accord céréalier en Mer noire a été prolongé in extremis de deux mois ce mercredi 16 mai et que plusieurs pays d’Europe centrale ont décidé de n’autoriser que le seul transit des céréales ukrainiennes, l’avenir des exportations des grains ukrainiens reste en suspens de toutes parts. La Fondation FARM fait le point.

L’Union européenne reste en première ligne

Au fil de cette année qui a vu fleurir nombre d’initiatives et de conséquents appuis financiers pour faire sortir les céréales d’Ukraine, les marchés ukrainiens sont restés inéluctablement tournés vers l’Union européenne. Elle a été la destination de 44 % des exportations ukrainiennes de blé et de 63 % des exportations ukrainiennes de maïs entre février 2022 et février 2023, soit 5,7 MT de blé et 16,7 MT de maïs. Cela a poussé les pays les plus dépendants (en Afrique, au Moyen Orient et en Asie) du blé de la Mer Noire à se tourner encore plus vers leurs partenaires commerciaux principaux que sont l’Union européenne et la Russie.

Une fin de campagne pour l’instant calme…

Jusque-là, l’offre mondiale abondante permet de combler cette demande, mais la facture reste élevée pour les pays importateurs. La situation inédite traversée actuellement tient au fait que 60 % de ces volumes importés par l’Union européenne ont afflué sur les marchés des pays d’Europe centrale*, qui n’importaient quasiment pas de céréales ukrainiennes avant-guerre. Ces pays font face à des défis logistiques immenses pour acheminer et stocker ces céréales, mais surtout pour les réexpédier. La décision unilatérale prise par ces pays le 19 avril 2023 illustre la mesure de cette impasse logistique. Pour l’heure, les flux de céréales marquent une accalmie en cette fin de campagne, tandis que les prix mondiaux restent orientés à la baisse.

… avant la tempête ?

Mais l’avenir des flux de céréales ukrainiennes reste en suspens de toutes parts. D’une part, la Russie a menacé de se retirer de l’accord céréalier en Mer noire – jusqu’à un accord trouvé in extremis ce mercredi 16 mai pour une durée de deux mois -, ce qui aurait risqué de supprimer les voies maritimes permettant de sortir 2,5 à 3,5 millions de tonnes de céréales d’Ukraine chaque mois. D’autre part, la réexpédition des 2 millions de tonnes de céréales qui transitent chaque mois par les Solidarity lanes de l’UE n’est pas non plus résolue. Les restrictions opérées unilatéralement par les pays d’Europe centrale laissent anticiper un ralentissement des exportations par la voie terrestre.

Le défi est donc double : sortir les céréales d’Ukraine, mais aussi de l’Union européenne. La réunion du prochain Conseil “Agriculture et pêche” de l’Union européenne le 30 mai prochain devrait conduire à des propositions pour la résolution de la crise en Europe centrale, tandis que certains pays africains dépendants de l’origine céréalière Mer Noire tentent d’opérer des négociations visant à l’apaisement du conflit.

* : Pologne, Roumanie, Bulgarie, Hongrie et Slovaquie

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