Guerre commerciale et agriculture : focus sur l'Afrique subsaharienne
Dans le contexte actuel de guerre commerciale, les relations entre les grandes puissances économiques comme les États-Unis, la Chine et l’Union européenne sont souvent au centre des discussions. Mais qu’en est-il des pays en développement ? FARM partage quelques clés d’analyse en 4 graphiques.
Avant de partager des analyses plus approfondies dans les prochains jours, voici quelques éléments de contexte sur les pays d’Afrique subsaharienne, leurs partenaires économiques et l’évolution du commerce agricole et alimentaire, notamment avec les États-Unis. Washington reste un partenaire majeur des pays d’Afrique subsaharienne qui ont été touchés de plein fouet par les annonces du Président Trump lors du « Libération Day », en particulier Madagascar ou le Lesotho qui devaient écoper de 47 % de droit de douanes sur tous les produits entrants aux Etats-Unis. La suspension pour 90 jours des hausses des droits de douane annoncée le 9 avril apporte un soulagement à des pays comme l’Afrique du Sud, Madagascar ou la Côte d’Ivoire, bien que des tarifs douaniers de 10 % soient maintenus. De nombreuses filières pourraient être fragilisées, comme la cacaoculture mais aussi le textile.
Exportations agricoles et alimentaires des pays africains aujourd’hui
D’après les chiffres de la base de données Resource Trade Earth de Chatham House (sources UNCOMTRADE), le commerce des produits agricoles de l’Afrique subsaharienne atteint 56,8 milliards $ en 2022, 18 % correspond à du commerce intra-zone (hors Maghreb). L’Afrique du Sud contribue à environ ¼ des exportations intra-zone en 2022. L’Union européenne reste un partenaire majeur avec 16 milliards $, les Pays-Bas sont la première destination, notamment en raison des infrastructures portuaires du pays. Les fèves de cacao représentent, en valeur, près de la moitié des échanges entre l’Union européenne et l’Afrique subsaharienne. La Chine est aussi un partenaire majeur et en croissance avec 3,9 milliards, dont 1 milliard pour les graines de sésame par exemple. L’Inde est un pays importateur important et la noix de cajou est un produit phare de ces échanges.
Tendances à noter :
- Diversification des marchés d’exportation africains vers les économies émergentes et vers les marchés intra-africains. Les ministres du commerce de la Zone de libre-échange continentale (ZLECAF) se sont réunis le 15 avril à Kinshasa pour dynamiser le commerce intrarégional
- Recul de l’UE et croissance du Brésil, de la Russie, de l’Inde et surtout de la Chine
Focus sur le commerce avec les États-Unis
- En valeur, les exportations vers les États-Unis ont connu une croissance continue, passant de 890 millions $ en 2010 à 3,3 milliards $ en 2022.
- En volume, elles atteignent 1,3 million de tonne en 2022 et ont connu une augmentation surtout après 2015.
Principaux pays exportateurs :
Des relations commerciales sur le point d’être redéfinies ?
L’AGOA (African Growth and Opportunity Act) est la pierre angulaire des relations commerciales entre les États-Unis et les pays d’Afrique subsaharienne. Adoptée en mai 2000 par le Congrès américain et signée par le président Bill Clinton, cette loi a été reconduite mais doit expirer en septembre 2025.
Quid des exportations des Etats-Unis vers l’Afrique subsaharienne ?
Les exportations américaines vers l’Afrique subsaharienne aujourd’hui s’élèvent à 4 millions de tonnes (dont 3,1 millions de céréales, principalement du blé) et en valeur 2,6 milliards $. Les destinations principales sont le Nigeria et l’Éthiopie.
La coupure de l’aide au développement fragilisera ces pays
Les Etats-Unis étaient un financeur important de l’aide au développement vers les pays d’Afrique subsaharienne, notamment sur le volet des aides alimentaires et des programmes de santé. Il est encore difficile de savoir exactement quelles seront les conséquences des dernières mesures sur les emplois et les économies africaines. Les dirigeants des pays africains se réunissent en ce moment pour mesurer ces impacts et les réponses à apporter : diversifier les marchés tout en renforçant la zone de libre-échange africaine ?
L’arrêt des aides américaines notamment via l’agence USAID fait peser un risque bien plus lourd, notamment sur les plus vulnérables. Dès à présent, le Programme alimentaire mondial réduit ses rations pour les réfugiés au Rwanda ou au Soudan.
Ressources :
Sur les pays africains et la « pause » accordée par Donald Trump : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20250411-afrique-le-continent-soulag%C3%A9-apr%C3%A8s-le-recul-de-donald-trump-sur-les-droits-de-douanes
Un article plus large et en anglais sur l’impact de la politique commerciale de Trump sur le commerce agricole : https://www.ifpri.org/blog/how-reciprocal-tariffs-harm-agricultural-trade/