POLICY BRIEF - Hausse des prix et crises géopolitiques : quelle résilience pour les agricultures africaines face aux chocs ?

Publié le 13 mars 2023
par La Fondation FARM et Afdi
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Depuis le milieu de l’année 2020, les prix des matières premières agricoles et de certains intrants utilisés en agriculture sont en hausse sur les marchés mondiaux. Ces chocs de prix accentuent la pression sur les producteurs agricoles, qui développent des stratégies d’adaptation et de résilience. Découvrez notre synthèse et notre étude complète réalisée avec Afdi.

La Fondation FARM, en partenariat avec Afdi, dresse un état des lieux de l’impact de ces hausses de prix sur les producteurs d’Afrique subsaharienne. Les deux institutions entendent promouvoir les échanges entre les acteurs publics et privés de France, d’Europe et d’Afrique au service du développement durable et de la résilience des filières agricoles et agroalimentaires.

L’analyse fait appel à des données recueillies auprès d’organisations paysannes africaines dans le cadre d’une enquête sur leur perception des conséquences de la montée des prix. Ces témoignages ont été croisés avec une étude bibliographique et des entretiens d’experts.

Nous partageons dans ce policy brief 5 constats majeurs et livrons des recommandations pour les acteurs français et européens autour de :

  • la nécessité d’agir pour mettre à l’échelle et rendre durables économiquement les solutions développées par les agriculteurs ;
  • l’accompagnement des dynamiques du secteur privé local par des co-investissements responsables ;
  • l’accroissement des financements pour une agriculture durable et compétitive qui réponde aux enjeux de souveraineté alimentaire du continent.

Marchés mondiaux : une hausse des cours agricoles et énergétiques depuis 2020

Depuis maintenant trois ans, les cours agricoles internationaux connaissent de fortes hausses sous‑tendues par de multiples facteurs. En parallèle, les cours mondiaux de l’énergie sont soumis à des augmentations similaires, ce qui impacte fortement le prix des engrais et les systèmes alimentaires. En outre, le conflit russo-ukrainien n’est pas le déclencheur de ces hausses, bien que contribuant à leur amplification, notamment sur le long terme.

Une transmission de la hausse des cours par différents canaux sur les marchés d’Afrique subsaharienne

La transmission de la hausse des cours internationaux vers les marchés d’Afrique subsaharienne s’est faite progressivement depuis l’année 2020, et sur deux fronts. D’une part, la hausse des prix alimentaires africains a été poussée par les matières premières importées (huiles végétales, blé), dans le cas où elles représentent des volumes conséquents dans la consommation alimentaire d’une région donnée. D’autre part, la flambée des cours des engrais a conduit rapidement à leur inaccessibilité en volume et en prix, alors que le continent est quasiment entièrement dépendant des importations.

Les agriculteurs : des producteurs et consommateurs impactés par la hausse des cours

À leur échelle, les producteurs agricoles subsahariens sont doublement impactés par la crise. Premièrement, la flambée des prix des engrais a entraîné leur inaccessibilité pour bon nombre de producteurs. Sur le long terme, les rendements, et ainsi les revenus des producteurs, risquent d’être fortement affectés, dans le cas des cultures qui canalisent l’usage des intrants. Deuxièmement, les producteurs sont impactés par l’inflation alimentaire en tant que consommateurs. L’alimentation compte en effet pour une part importante dans le budget des familles agricoles. Aussi, la hausse des prix alimentaires implique une perte directe de pouvoir d’achat, particulièrement pour les familles les plus pauvres.

Une accumulation de vulnérabilités conjoncturelles et structurelles qui bloque les producteurs dans l’engrenage de la pauvreté

Dans le même temps, les agricultures africaines font face à une série de vulnérabilités qui doublent la crise conjoncturelle d’une crise structurelle. L’inflation importée se superpose à la volatilité endogène importante des marchés alimentaires locaux, fortement sensibles aux variations des niveaux de récoltes. De plus, les conflits armés et accidents climatiques récurrents opèrent une pression très forte sur la sécurité alimentaire des populations et affectent la capacité de résilience et d’adaptation des agricultures. Enfin, ces facteurs inflationnistes touchent des économies déjà fragilisées par la pandémie, qui disposent de peu de marges de manœuvre pour développer des réponses d’urgence tout en anticipant des investissements de long terme.

Face à ces crises multiples, les producteurs africains, accompagnés de leurs organisations, mettent en place des stratégies d’adaptation, à défaut de disposer de filets de protection contre la montée des prix alimentaires. Ces stratégies se concrétisent notamment par la réduction des coûts de production et des risques liés à l’investissement. Elles tirent parti de la grande diversité des systèmes de production qui composent les agricultures familiales africaines, compte tenu des conditions pédo‑climatiques et socio-économiques préexistantes. Elles répondent à une nécessité d’adaptation ainsi qu’à une recherche de résilience qui doivent être soutenues et accompagnées afin de permettre leur mise à l’échelle.

Découvrez l’intégralité de notre analyse et nos recommandations dans ce policy brief à télécharger ici

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