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#SIA 2025 - Débat sur l'avenir des filières laitières africaines

La Fondation FARM et Agriculteurs français et développement international (Afdi) ont organisé le 25 février à Paris au Salon international de l’agriculture une conférence sur les enjeux des filières laitières africaines, avec le soutien de chercheurs du CIRAD et du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (CNIEL), qui a accueilli l’événement sur son stand.


Intervenants :

Matthieu BRUN, Directeur scientifique de la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM)

Christian CORNIAUX, Chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD)

Alain HERBINET, Secrétaire général d’Agriculteurs français et développement international (Afdi)

Stéphane JOANDEL, Secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de Lait (FNPL)

Philippe LEVILLAIN – Éleveur laitier dans le Calvados et élu de la coopérative agricole et agroalimentaire française Agrial

Animée par Maria-Eléna RAMIREZ, Chargée de plaidoyer d’Agriculteurs français et développement international (Afdi)


Cette conférence a été l’occasion de présenter des recommandations pour soutenir la production locale de lait en Afrique et renforcer les politiques agricoles et commerciales en favorisant les investissements stratégiques dans les filières laitières des acteurs français et européen

L’enjeu du développement durable des filières laitières en Afrique en quelques chiffres

En 2024, la production de lait en Afrique était estimée à plusieurs milliards de dollars alors que le marché africain des produits laitiers devrait continuer à croître à plus de 8% d’ici 2030, soutenu notamment par une démographie en hausse et l’urbanisation.

En Afrique subsaharienne, plus de 80% de la production laitière provient de producteurs familiaux, soulignant l’importance des petites exploitations ainsi que du pastoralisme.

Le potentiel de production locale est cependant sous-exploité, seulement 20 % des laiteries installées en Afrique de l’Ouest s’approvisionnent en lait local.

Au Maroc, où l’approvisionnement en lait est une priorité politique, la production laitière a baissé de 20% entre 2020 et 2022en raison des sècheresses et de l’inflation sur les prix des matières premières.

Le développement du secteur laitier africain représente une opportunité majeure pour améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs tout en répondant à une demande croissante. Les efforts pour structurer les chaînes d’approvisionnement et promouvoir des pratiques durables seront essentiels pour maximiser son potentiel.

Dans un contexte où la demande en produits laitiers africains devrait doubler d’ici 2050, les défis liés au développement des filières locales et à leur structuration apparaissent comme des enjeux majeurs. Les intervenants ont rappelé que, face aux contraintes logistiques, à la concurrence des importations et aux besoins croissants des consommateurs, la question de la coopération entre les acteurs africains et européens se pose avec acuité pour garantir un développement durable du secteur laitier. Les intervenants ont insisté sur plusieurs points :

Christian CORNIAUX (CIRAD) : « La population en Afrique de l’Ouest a été multipliée par 3 et la production a seulement doublé depuis 60 ans. L’écart entre production locale et consommation se creuse et il est comblé par l’importation de poudres de lait réengraissées avec des huiles végétales. Le consommateur n’est pas suffisamment informé de l’origine du lait et des produits laitiers qu’il consomme. La campagne de sensibilisation « mon lait est local » a montré l’importance de sensibiliser largement ».

Stéphane JOANDEL (FNPL) : « L’importation de poudres de lait doit être maniée avec prudence ; il ne faut pas les interdire, mais mieux les encadrer, les considérer comme une variable d’ajustement tout en développant les filières locales. (…) La production de lait et donc l’élevage sont très importants pour les territoires ruraux, pour produire de la matière organique et fertiliser les cultures. L’élevage fait partie des solutions pour une agriculture durable ».

Alain HERBINET (Afdi) : « Il est capital de favoriser un développement équitable et durable des filières, en particulier de reconnaître le travail essentiel fourni par les femmes, qui sont souvent responsables de la production des produits laitiers. Elles n’ont pas accès aux financements et ne sont pas reconnues. De plus, l’investissement dans la ruralité est primordial, notamment les infrastructures, pour permettre un accès aux marchés des produits laitiers locaux ».

Philippe LEVILLAIN (Agrial) : « Les partenariats avec des organisations de producteurs en Afrique de l’Ouest permettent de renforcer les capacités locales. Ce type d’initiatives repose sur des formations techniques et un partage d’expertise, permettant aux éleveurs de développer leurs compétences tout en optimisant la gestion de leurs ressources ».

Matthieu BRUN (FARM) : « La question des infrastructures de transport, de stockage et de transformation du lait est clé, en particulier la chaîne du froid et l’accès à l’électricité pour les producteurs d’Afrique de l’Ouest. Nous appelons les entreprises françaises et européennes à soutenir la production laitière en Afrique et pensons que la coopération entre l’Afrique et l’Europe / la France peut être basée sur trois piliers : le co-investissement appuyé par des partenariats publics-privés, une relation commerciale équilibrée, notamment avec l’Afrique du Nord pour une autonomie stratégique ouverte, et, enfin la coopération technique autour de la santé animale et de la prise en compte des effets du changement climatique. Nous pouvons faire équipe en France, entre secteur public et privé, pour accompagner nos partenaires ».

Nous remercions le public, les intervenants ainsi que le CNIEL d’avoir accueilli cet évènement sur leur stand depuis le Salon Internationale de l’Agriculture 2025.

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