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Céréales en Ukraine : les conséquences des destructions

L’agriculture ukrainienne se retrouve largement impactée par la destruction du barrage de Kakhovka, le 6 juin dernier, qui a inondé en grande partie la région de Kherson. Puis l’explosion à quelques heures d’intervalle d’un pipeline d’ammoniac, essentiel pour l’exportation des engrais. L’accord céréalier de la Mer noire – prolongé in extremis de deux mois jusqu’au 16 juillet – risque d’être à nouveau en danger, tandis que les prix des céréales remontent ces derniers jours. Pendant ce temps, l’Union Européenne a autorisé les pays d’Europe centrale frontaliers de l’Ukraine* à prolonger jusqu’au 15 septembre 2023 leurs restrictions

Céréales en Ukraine : la guerre impacte de nouveau l’agriculture du pays

Explosion du pipeline Togliatti-Odessa : un impact négatif sur l’accord en cours

Hors service depuis 2022, cette conduite d’ammoniac située dans la région de Kharkiv était l’une des voies d’exportation de la Russie. Elle permettait à la Russie d’exporter annuellement plus de 2,5 millions de tonnes d’ammoniac (matière première essentielle à la production d’engrais azotés), notamment à destination de l’Union européenne.

Pour les Russes, la réouverture de ce pipeline était l’un des points clés des négociations autour de l’accord céréalier de la Mer noire. Ce corridor permet l’exportation de plus de la moitié des céréales ukrainiennes depuis le début du conflit. 

Cette destruction va changer les contours des négociations à venir autour du corridor. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a déclaré le 7 juin qu’elle avait « un impact négatif », sachant que Moscou réclame depuis plusieurs semaines des garanties pour ses propres exportations d’engrais. 

Destruction du barrage de Kakhovka : des milliers d’hectares de terres agricoles inondés 

Cette catastrophe environnementale – l’explosion ayant entraîné une inondation gigantesque en aval – intervient dans une des principales régions de production de blé et d’oléagineux du pays. Le ministère de la politique agraire et de l’alimentation ukrainien a constaté les dégâts. La gigantesque inondation provoquée par la destruction du barrage a interrompu, et pour longtemps, le système d’irrigation de la région de Kherson. Selon les premières estimations, près de 10 000 hectares de terres agricoles – principalement des céréales et des oléagineux – seront inondés sur la rive droite du Dniepr.

Inquiétude des marchés, prix à la hausse ?

Alors que les négociations tendues autour de la dernière reconduction de l’accord céréalier de la Mer noire avaient laissé les marchés quasiment indifférents, la hausse du risque géopolitique s’est superposée à l’inquiétude qui prévalait ces derniers jours autour des conditions météorologiques. Les épisodes de sécheresse en Europe et aux États-Unis, ainsi que le déficit attendu des récoltes australiennes de blé, inquiètent les spécialistes. Les cours des céréales ont réamorcé une hausse ces derniers jours, signe d’une accumulation des incertitudes sur les marchés.  

Alors que la Russie reste fortement présente sur les marchés du blé à des prix très compétitifs, les nouvelles récoltes de blé de l’hémisphère nord devraient faire leur arrivée progressive sur les marchés au cours des prochaines semaines. 

Vers quels marchés le blé ukrainien se dirigera-t-il compte tenu des tensions autour des corridors de solidarité et de celui de la Mer noire ? L’Ukraine, en partenariat avec l’Union européenne, cherche à accroître les capacités de transit via les solidarity lanes, tandis que les volumes de céréales ayant effectivement transité** par ces voies restent à ce jour minimes.

* La Roumaine, la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne et la Bulgarie

** Volumes ayant été réexportés vers des destination hors UE après transit par les solidarity lanes

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