Plateau des Guyanes : préparer l’avenir des agricultures dans un territoire amazonien
Avec l’appui de ses partenaires, la Fondation FARM lance une dynamique collective sur un territoire amazonien. A travers le projet Plateau des Guyanes, il s’agit dans un premier temps d’animer un dialogue entre les parties prenantes du territoire puis de construire des solutions pour la résilience et la durabilité des agricultures locales.
Quel territoire couvre le projet Plateau des Guyanes piloté par la Fondation ?
Le Plateau des Guyanes est une vaste formation géologique au nord du continent sud-américain qui s’étend sur le territoire de six pays différents, dont la Colombie, le Venezuela, le Guyana, le Suriname, le Brésil et la France d’outre-mer.
Pour leur projet, la Fondation FARM et ses partenaires se concentrent sur la partie nord-est du Plateau, une zone qui recouvre en particulier le Suriname, la Guyane française et l’État fédéré brésilien d’Amapá.
Quel est l’objectif du projet « Plateau des Guyanes » ?
À travers ce projet, la Fondation et ses partenaires souhaitent identifier, expérimenter et consolider des initiatives de développement agricole durable et équitable, adaptées aux besoins des populations et aux contextes locaux, dans leur diversité.
Ainsi, il s’agira de mener des réflexions et de chercher des pistes d’action pour contribuer à la réduction de la dépendance aux importations alimentaires et à la construction de la souveraineté alimentaire dans le territoire, tout en œuvrant à la préservation des écosystèmes, ainsi qu’à la restauration et l’amélioration de la fertilité des sols agricoles à travers des pratiques durables sur le plan environnemental.
Quelle est la particularité de ce territoire du point de vue de l’agriculture ?
La singularité de ce territoire, de ses agricultures, s’explique par la manière dont il s’est constitué socialement et culturellement. Les premiers habitants, les communautés amérindiennes, ont développé et perfectionné au fil des siècles des pratiques et des techniques agricoles adaptées et cohérentes avec leur environnement amazonien, impliquant la domestication de plantes qui représentent une grande diversité et une richesse biologique.
À partir de ce socle culturel et agricole amérindien, dont l’influence perdure aujourd’hui, les agricultures locales se sont progressivement enrichies grâce à des flux migratoires successifs, qui ont apporté de nouvelles pratiques et espèces cultivées. Les communautés issues de populations venues d’Afrique, ainsi que des migrations en provenance d’autres régions d’Amérique latine, ont largement contribué à cette mosaïque agricole.
Dans le cas de la Guyane française, l’implantation des Hmong, originaires du Laos, est venue s’ajouter à la diversité existante.
Outre les formes d’agriculture traditionnelles, on observe également des tentatives d’introduction de systèmes agricoles plus conventionnels, importés des pays du Nord. Ces initiatives, parfois réussies, parfois moins, participent toutes à la richesse et à la complexité du paysage agricole guyanais.
À quels besoins le projet Plateau des Guyanes entend-il apporter des réponses ?
Le projet Plateau des Guyanes répond à un double impératif : réduire la dépendance alimentaire alarmante et renforcer une agriculture locale aujourd’hui trop faible pour nourrir des populations en forte croissance.
- Réduire la dépendance alimentaire et sécuriser l’approvisionnement local
Renforcer la production et la collecte locales pour diminuer la dépendance aux importations et limiter la vulnérabilité des territoires face aux ruptures d’approvisionnement. En Guyane française, près de 63 % des produits alimentaires consommés sont importés.
- Renforcer le poids économique de l’agriculture
Accroître la contribution de l’agriculture au PIB : aujourd’hui la valeur ajoutée de l’agriculture représente environ 10 % du PIB au Suriname, 4 % en Guyane française et moins de 2 % dans l’État de l’Amapá. Le projet vise à structurer des filières pour accroître ces ratios et développer des activités agricoles à la fois productives, rentables et créatrices d’emplois.
- Concilier développement démographique et production agricole
Répondre à la forte dynamique démographique du Plateau des Guyanes, où la population a augmenté de 12,5 % au cours de la dernière décennie, portée par la Guyane française avec 23 %. L’objectif est d’accompagner cette croissance par un développement agricole proportionné afin d’éviter l’aggravation des inégalités et des tensions sociales.
- Intégrer conservation et développement économique
Promouvoir des pratiques agroécologiques et agroforestières qui restaurent la fertilité des sols et préservent les forêts, tout en générant des revenus durables et en protégeant des écosystèmes encore bien conservés.
En combinant ces leviers — politiques publiques régionales, financements ciblés, renforcement des organisations de producteurs et des filières, et recherche‑action transfrontalière — le projet vise à traduire les constats chiffrés en trajectoires concrètes de souveraineté alimentaire et de développement équitable sur le Plateau des Guyanes.
Quelle est la méthodologie déployée à travers ce projet ?
Le projet vise à définir une vision et une stratégie alternatives pour le développement agricole régional, fondées sur une démarche ascendante (bottom‑up). Il se démarque des approches descendantes (top‑down) qui, par le passé, ont souvent transposé des modèles et des techniques inadaptés, déconnectés des enjeux locaux et régionaux.
Pour ce faire, la Fondation et ses partenaires mènent une démarche en 3 temps, prévue sur environ 3 ans, à partir de 2025 :
La première étape est une phase de diagnostic et d’analyse fine des enjeux et besoins du territoire :
- Une mission de terrain en Guyane, réalisée en 2025.
- Un séminaire, mobilisant une large diversité d’acteurs du monde agricole, est prévu en décembre 2025 pour compléter cette phase.
La deuxième étape du projet consiste en la co-construction de solutions avec les acteurs mobilisés autour de ces enjeux.
- Un livre blanc des agricultures guyanaises, établissant le diagnostic et présentant les conclusions du séminaire, sera publié au cours du premier trimestre 2026.
- Construction collective d’un programme d’actions avec une diversité d’acteurs du monde agricole afin d’explorer des alternatives concrètes pour un développement agricole durable.
Finally, la mise en œuvre de ce programme d’actions, à partir de 2026, constituera la troisième étape du projet impliquant l’accompagnement des acteurs sur le terrain, et la valorisation des actions entreprises en vue de leur reproduction et de leur adaptation à de nouveaux contextes.
Le projet est né de la volonté croisée d’acteurs locaux de mettre en œuvre une stratégie de développement durable de l’agriculture locale.
Forte de vingt ans d’expérience en faveur d’agricultures soutenables dans le monde, et en particulier dans les pays du Sud, la Fondation FARM a été naturellement sollicitée par la SAFER Guyane, née en 2017.
La SAFER Guyane est l’acteur public chargé de gérer et d’aménager le foncier rural en Guyane, afin de favoriser l’installation des agriculteurs et la viabilité des exploitations.
La Caisse régionale du Crédit Agricole Martinique‑Guyane, banque coopérative et mutualiste, a rejoint le partenariat pour soutenir le développement durable des filières et la valorisation des métiers agricoles, alors que le changement climatique intensifie les risques auxquels sont confrontés les agriculteurs.
La Chambre d’agriculture de Guyane a récemment rejoint le projet. En tant qu’acteur de terrain, elle fournit un appui technique aux agriculteurs, porte leurs préoccupations et facilite la mise en œuvre des actions sur le territoire.
La Fondation et ses partenaires ont besoin de toutes les forces vives pour mener à bien ce projet, rejoignez notre collectif !
Plus d’informations :
- Christian Moreno, responsable de projet : christian.moreno@fondation-farm.org
À quels ODD le projet Plateau des Guyanes contribue-t-il ?
